Ce matin le ton est à la perplexité. Derrière Napoléon les effectifs apparaissent plus clairsemés qu’à l’habitude. Pompy -vous vous rendez compte!- a chopé le covid, vaccinée à bloc la pauvre petite se retrouve alitée avec quarante de fièvre, l’eusses tu cru? Une nana qui n’a jamais souffert de la moindre maladie vénérienne en dépit de mœurs passablement désinhibées, la voilà vaincue par cette cochonnerie chinetoque! A n’y pas croire! Et d’ailleurs l’ami Jean Foupallour, privé de son point de vulve favori sur les cuisses de la damoiselle et le string transparent qui en décuple l’attractivité, noie son amertume dans un Ricard bien tassé et râle comme un poux à l’attention de qui veut bien l’entendre.
– « Sacré nom de bordel de notre seigneur (1), on s’est drôlement fait baiser en canards, les mecs! Vaccinez vous, vaccinez vous, qu’ils disaient! Ben on s’est vacciné, bien gentiment, comme des moutons de Panurge (2) et maintenant, regardez, on va tous y passer tel qu’on se voit là, une malédiction ce truc, un vrai calvaire! Mais le pire, si vous voulez mon avis, ça reste le vieux schnok, là, c’est comment déjà? Ah oui, Défraîchy, Môssieur le Professeur Défraîchy, vous savez, le président du conseil de mes choses à Macrouille, vous situez? Eh ben, le mec, vous avez entendu ce qu’il a balancé, dernièrement? Parfaitement! Comme quoi le vaccin, ben c’est pas un vaccin! Tout juste s’il n’a pas ajouté bandes de cons, histoire de bien nous mettre le nez dans notre caca d’ignorants à peine bons à se faire inoculer! Et attendez, y a une suite, le journalope qui lui servait la soupe lui a demandé, tout de même, si c’est pas un vaccin, alors c’est quoi cette denrée? Et l’autre peigne-cul de répondre, oh, bof, on peut dire qu’il s’agit d’une espèce de médicament, si vous voulez! Textuel, je vous jure! M’enfin, voilà un empaffé qui nous serinait sur tous les tons et sans varier jamais d’un poil de zob, comme quoi hors du vaccin point de salut, l’immunité collective, tout ça! Et là, aujourd’hui, comme tout le monde se chope la pistouille, vacciné ou pas vacciné, troisième dose ou pas: une espèce de médicament! Putain d’adèle, tout de même, faut le faire d’être aussi enfoiré, c’est pas pour rien qu’ils lui ont refilé la super légion d’honneur à cette vieille salope, pour le boulot d’enfumeur de service, il n’a pas son pareil, Défraîchy! Une espèce de médicament qui protège contre les formes graves, qu’ils disent, tous, et ça leur suffit…Ben à nous pas, voilà! D’abord ils nous ont vendu un vaccin, ces ordures, pas une espèce de médicament! De plus ils n’en savent absolument rien, que ça protège, juste une supposition et encore mal fagotée parce que figurez vous, ma petite cousine Cameron, celle-là qui bosse à l’hosto…non, pas toubib, non, elle nettoie les chiottes, mais ça n’empêche pas qu’elle voye. Et qu’est-ce qu’elle voit, Cameron Foupallour, hein? Ben plein de vaccinés, des vieux, des jeunes, un peu tout quoi, qu’ils trimballent en réanimation jusqu’à ce que mort s’ensuive, parfaitement! Comment elle est au courant pour le vaccin, Cameron? Ben elle fait pas qu’à voir, elle entend aussi, et du coup elle sait, et moi aussi par la même occase, vu qu’elle en fait profiter la famille. Ben oui, comme elle dit, Cameron, les pauvres malades on les fait intuber, par contre, nous tous on s’est drôlement fait entuber! Vaccinez vous, vaccinez vous qu’y disaient… »
Et là, forcément, à ce stade de la conversation, une nouvelle tournée s’étant trouvée servie dans l’intervalle, il ne peut pas faire autrement que de siffler son pastaga tout neuf, le Jeannot et, par la force des choses, d’interrompre son monologue…il ne faut jamais, car il se trouve toujours en pareil cas quelqu’un pour vous confisquer le crachoir. En l’occurrence Blaise Sanzel! Un phénomène absolu, celui-là, quatre-vingt-seize balais et toujours debout, enfin plus ou moins, bien sûr, avec ce qu’il picole, le vieillardissime, mieux vaut n’en point trop demander; pour tout dire, un contre-exemple ce Blaise, un pousse au crime du point de vue de la Ligue Anti-Alcoolique! La voix claire, ou à peu près, le geste précis jusqu’à la cinquième tournée au moins et l’esprit aussi vif qu’au temps de sa jeunesse, sous le Maréchal! Il en faut, des comme-ça, ils nous font croire, quasiment, à l’immortalité, et pas seulement de l’âme, tout le reste avec… étant précisé qu’il ne se prive jamais de lutiner, le vieux cochon, la pauvre Pompy en sait quelque chose qui le laisse faire sans rouspéter vu que ses parents lui ont enseigné le respect des ancêtres et qu’à titre d’accessoire d’un cul époustouflant, elle possède une palanquée de principes, tous plus catholiques les uns que les autres. Puisse, donc, Le Trés-Haut, la guérir vite du coronavirus et lui épargne ad vitam aeternam le Coranovirus. Et donc, vous disais-je, voilà le camarade Blaise, gardant à portée de main son godet de Lagavulin, qui prend hardiment la parole afin de nous déclarer ce qui suit.
-« Hé bien vous savez, mes jeunes amis (moyenne d’âge soixante quinze, tout est relatif), moi cette histoire de virus me fait juste rigoler. Comment avons-nous pu devenir à ce point idiots, trouillards et pusillanimes? Sérieusement je me perds en conjectures! Je vois bien ce qui se passe depuis deux ans…à vrai dire pas grand chose, juste une espèce de panique quasi-générale face à une maladie qui, somme toute, ne nous fait pas grand mal. Oui, certes, j’entends bien, des gens meurent, et alors? D’abord il s’agit essentiellement de vieillards, et pas n’importe quels vieillards, les plus délabrés, bien sûr, vous n’avez qu’à regarder par ici, sans me vanter moi leur petit virus à sa mémère, il ne m’a même pas effleuré du bout de la queue!… Comment? Ah oui, Maurice, tu as raison, désinfecté comme je suis de l’intérieur ça peut se comprendre, d’accord…. tu en es un autre d’ailleurs, comme Marcel et Jeannot ici présents, protégés de toute infection par l’ingestion massive de solutions hydroalcooliques. L’ivrogne est à l’abri du Covid, voilà qui est prouvé, regardez, par exemple, des gens comme Borloo ou Mélanchon, ceux-là ne risquent absolument rien, à l’inverse des buveurs de flotte impénitents comme le pauvre feu Devedjian, paix à son âme. Et puis je vais vous dire, quelques années avant ma naissance nous avions subi la Grippe Espagnole; d’après les dernières estimations, environ cent millions de morts soit un pourcentage non négligeable de la population mondiale à l’époque. J’ai très bien connu, vous pensez, les gens qui ont vécu cette calamité en direct-live -comme on dit à présent je crois- et je puis donc vous certifier deux choses, la première c’est qu’en termes de gravité le covid apparaît, par comparaison, comme roupie de sansonnet, la seconde consiste à rappeler qu’au sortir de la Grande-Guerre, personne n’aurait pensé une seconde à tout arrêter pour enfermer les gens chez eux à ne plus rien foutre! La saloperie en question, beaucoup y avaient droit, pas mal en crevaient…et voilà tout. Ceux qui guérissaient reprenait le cours normal de leurs activités, les autres on les enterraient et on les pleurait pendant le délai règlementaire. Rien de plus, juste une fatalité catastrophique mais rien à voir avec le cirque d’aujourd’hui. Vous imaginez Raymond Poincaré prenant la parole pour annoncer « nous sommes en guerre » à l’instar de notre petit clown il y a deux ans? Après celle, la vraie, qu’ils venaient de se coltiner! Non, je vous jure la comparaison avec ces temps pas si lointains, (finalement, cent ans qu’est-ce que c’est, après tout, je commence à toucher du doigt le phénomène), la comparaison disais-je ne semble pas très favorable à notre époque. En résumé, nous avons peur de tout sauf de ce qu’il nous faudrait craindre vraiment!… Oui, comme tu dis, Jeannot, l’invasion, parfaitement! Et ça, comme péril grave et imminent on n’a pas mieux en magasin, je vous assure. Sauf que contrairement au Covid, il ne faut surtout pas lutter contre, ce serait discriminatoire et politiquement très incorrect, nauséabond pour tout dire!…Allez Thérèse, remettez-nous ça, c’est toujours autant que les Boches n’auront pas…comme on disait avant, quand ils n’avaient pas encore raflé toute la mise. »
Finalement, les très vieux quand ça s’y met ça ne dit pas que des âneries, peut être ont-ils raison, les Ritals, de remettre Mozzarella au Quirinal; quatre vingts carats, somme toute, ça peut continuer à le faire pendant un paquet d’années!
Bonne semaine à tous.
Et merde pour qui ne me lira pas.
NOURATIN
(1) Juron hérité de sa grand-mère (voir DERRIERE NAPOLEON chapitre IV) laquelle, mécréante avérée, conservait toutefois les séquelles d’un catéchisme plus ou moins assimilé.
(2) Une référence littéraire…que non point! Jean Foupallour, Rabelais ça le dépasse de cent coudées mais il fréquentait dans le temps un restaurant dénommé « Le Mouton de Panurge », il connaît donc l’histoire.